Prologue : œuvres de jeunesse

L’une des sources de la figure du Christ chez Rembrandt est… le travail d’un grand artiste catholique. C’est en effet Rubens, génial metteur en scène du catholicisme baroque, qui procure au Hollandais le point de départ de son Christ sur la Croix (Le Mas-d’Agenais, Lot-et-Garonne, collégiale Saint-Vincent) à travers la gravure. Rembrandt, cependant, se détourne de l’idée d’un Christ beau dans la mort, athlétique, passé au filtre de l’Antiquité. Son Christ n’est plus qu’un homme souffreteux sur lequel les ténèbres se referment. Son visage maigre et crispé atteste l’audace de son concepteur. Cette capacité à se départir des modèles pour trouver du nouveau impressionne d’autres maîtres hollandais : Jan Lievens et Jacob Backer, parmi les plus brillants des contemporains de Rembrandt, cherchent à rivaliser avec lui. Les trois Christs ici réunis le sont pour la première fois.