Contrepoint : Avant-courriers et grands modèles de Rembrandt

Lorsqu’il peignit Les Pèlerins d’Emmaüs (Paris, musée Jacquemart-André), Rembrandt avait environ vingt-trois ans. Le jeune prodige ne devait jamais cesser de travailler à la représentation de l’histoire du Christ. L’artiste s’intéresse aux différents épisodes du ministère de Jésus, comme aux scènes illustrant son retour parmi les vivants après sa mise à mort par les Romains. Rembrandt varie les techniques, explore les possibilités narratives, dramatiques, voire théâtrales des Écritures. Phénomène remarquable, jamais sa recherche ne se fait sans allusions à ses devanciers. Léonard de Vinci, avec sa Cène de Milan, lui fournit ainsi l’exemple d’une vision majestueuse, toute imprégnée de culture classique – alors même que lui paraît enclin à montrer Jésus dans la nature, au sein du groupe des disciples. Rembrandt s’intéresse aux relations entre Jésus et ceux qui l’écoutent ou cherchent sa perte : au passage, il relève le défi de peindre la parole et ses effets.